Randonneur armé de sa caméra, David
Genestal, l’auteur de l’émission web « Carnets de Rando » sillonne notamment
les chemins de France pour faire découvrir les recoins de notre pays au travers
de ces montages vidéo.
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David Genestal |
Avec de nombreux périples dont la traversée des Pyrènèes et celle de l'arc alpin de Wien à Menton à son actif, inutile de croire que nous avons à faire à un débutant. En binôme avec Grégory Rohart, ils viennent de boucler durant le mois de juin le GR30 « Le tour des volcans et des lacs d’Auvergne » en huit jours. A cette occasion voici l’interview réalisé fin juin de notre rando-partageur !
Hervé :
Bonjour David, peux-tu nous présenter
l’auteur voyageur que tu es ?
David G. :
Bonjour Hervé et merci pour cet
entretien ! A vrai dire, la rando je suis tombé dedans quand j’étais
petit, fasciné que j’étais par ces « grandes gens » portant de lourds
sacs à dos. Rien d’étonnant donc à ce qu’après quelques galops d’essai avec
l’UCPA (Union des Centres de Plein Air) j’ai décidé de voler de mes propres ailes. La montagne reste mon terrain
d’expression favori avec, comme tu l’as mentionné, quelques beaux souvenirs
comme la traversée des Pyrénées via la HRP (Haute Route des Pyrénées) en 2002, le GR5 français en
solitaire des Vosges à la Méditerranée en 2004 et surtout la traversée de l’arc
alpin en 2006. Aujourd’hui la démesure de l’aventure a été remplacée par une
envie profonde de partager ma passion avec le public à travers des reportages
plus courts et plus localisés. C’est ce qui m’a amené à créer Carnets de Rando.
Hervé :
Combien de kilomètres et comment est venue l’idée de faire
cette boucle ?
David G. :
A vrai dire la boucle complète fait dans les
188 kilomètres je crois. L’idée est venue de Grégory (Rohart), l’un de mes amis
journalistes avec qui j’entretiens d’excellents rapports depuis plusieurs
années. Nous sommes souvent amenés, lui et moi, à tester du matériel de
randonnée pour les marques. Il m’a donc proposé de participer à ce sujet sur l’Auvergne
afin de bénéficier de suffisamment de temps pour mettre à l’épreuve deux
nouvelles vestes, dites « hardshell ».
Hervé :
Combien de temps a-t-il fallu
pour organiser et caler cette randonnée ?
David G. :
Alors l’organisation de la randonnée n’a pas
été de notre ressort. C’est le Comité Régional Touristique de l’Auvergne (CRT)
qui, après avoir accepté la réalisation d’un sujet sur le GR30 par nos deux
médias, s’est chargé de la planification des étapes. Ce qui nous a valu des
journées parfois un peu sportives (rires) !
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La Bourboule |
Hervé :
Tu viens d’avaler cette boucle en huit étapes, comment vont le
physique et le mental ?
David G. :
Alors le mental parfaitement bien, merci
pour lui (rires) ! Mon passif de randonneur au (très) long cours me
permet aujourd’hui d’aborder avec une certaine facilité ces treks de huit à
quinze jours. J’avoue que je prends ça aujourd’hui comme une profession et un
quotidien ! Le physique, en revanche, a quelque peu souffert !
J’ignore si c’est du fait qu’il s’agissait du premier gros trek de l’année ou
si c’est la faute à ces sandales de randonnée que je testais également pour la
première fois mais les pieds ont salement été touchés… Des ampoules pour
commencer puis le développement d’une tendinite au pied gauche qui m’a fait perdre
pas mal d’amplitude et de souplesse de marche… Pour le reste, ma foi, tout a
tenu bon !
Hervé :
La préparation matérielle reste
prépondérante, peux-tu nous en dire plus sur le sac ?
David G. :
(rires) Alors au risque de décevoir le
public, j’ai porté un sac tout ce qu’il y a de plus minimaliste. C’est ça de
s’être préparé à la dernière minute aussi ! A l’intérieur il y avait
davantage de câbles et de matériel informatique, photographique et vidéo que
d’équipement de randonnée ! Une tenue de rechange pour le soir, quelques
caleçons, deux tee-shirts pour la semaine, un pantalon en cas de froid, une
polaire et la veste imperméable pour le test… Ma bouteille d’eau évidemment,
des affaires de toilette… rien d’extraordinaire ! Ni tente, ni matériel de
bivouac car nous étions en dur tous les soirs. Je dois avouer que j’ai un
profil un peu particulier en terme de matériel. Je reste un peu « vieille
école », à partir avec trois fois rien et souvent des équipements qui ne
sont pas de première jeunesse mais auxquels je suis attaché. Je ne suis pas une
référence autrement dit ! Sur « Carnets de Rando » on me
reconnaît ainsi comme le randonneur en sandales et en short !
Hervé :
Au niveau cartographie ou
balisage, quels conseils peux tu donner pour les suivants ?
David G. :
(rires) N’oubliez surtout pas votre boussole
ou votre GPS ! Le balisage du GR30 est très inégal, le plus souvent
défaillant et jonché d’anomalies. Le fait de son ancienneté (l’itinéraire a été
créé en 1975 et le topo date de 2000) mais aussi d’autres problèmes plus
administratifs. Résultat, par endroit, il faut vraiment faire preuve d’une
extrême vigilance pour débusquer les balises ou comprendre leur signification.
Globalement, je trouve que la lecture sans aucun outil – ni topo, ni carte, ni
GPS – de ce GR n’est pas évidente et s’adresse à des personnes s’y connaissant
bien en orientation. De ce fait, et pour répondre à ta question, ne vous privez
d’aucun outil pour cheminer sur ce sentier…
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Le lac de Chambon
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Hervé :
Hébergement et alimentation, qu’elle
était la stratégie définie avant le départ, et a-t-elle répondue à vos
attentes avec Grégory ?
David G. :
La stratégie était on ne
peut plus simple. Côté hébergement, tout était réservé dans des établissements
prévenus à l’avance. Le choix du CRT s’est la plupart du temps porté sur des
hôtels davantage que sur des gîtes. Un choix que je n’aurais pas forcément fait
moi si je m’étais chargé de l’organisation de ce trek. Au demeurant nous avons
été (presque) chaque fois bien accueillis, mention particulière à l’excellent
Gîte des Sagnes (le seul gîte où nous avons fait étape en huit jours). Côté
alimentation c’était sandwich au déjeuner tous les jours. De quoi faire une
bonne cure de Saint-Nectaire pendant une semaine ! Les dîners étaient très
bien, sans nécessairement être copieux. Des menus simples, souvent à base de
pommes de terre, mais parfaitement caloriques. Vive la truffade !
Hervé :
Cette randonnée fut aussi
l’occasion de tester du matériel, quelques souvenirs particuliers ?
David G. :
Le premier qui me vient à l’esprit est
nécessairement l’ascension du Puy de Sancy… on ne pouvait pas rêver pires
conditions pour l’aborder. Après avoir échappé au mauvais temps presque toute
la semaine, la météo nous a rattrapés ce jour-là. Pour le test de nos vestes
imperméables, c’était limite une aubaine. Je crois que je ne m’étais pas frotté
à une montagne aussi récalcitrante depuis la traversée des Alpes en 2006… Et
nous n’étions pourtant qu’en Auvergne, à moins de 1800m d’altitude. Mais quel
déchaînement d’éléments ! Autant dire que je me suis félicité de tester
une veste d’aussi bonne qualité !
Hervé :
Hors les Salers lors de
traversées de certaines estives, il semble que de belles rencontres aient eut
lieu ? Organisées ou impromptues ?
David G. :
Un peu des deux… Certaines avaient été
prévues par le CRT à notre demande. Ce fut le cas de la rencontre avec
Guillaume et Bernard à Murol, les deux gardes-nature du Parc Naturel Régional
des Volcans d’Auvergne. Et aussi de celle avec Lionel, qui travaille à la
Réserve Naturelle des Sagnes de La Godivelle. En revanche nous avons eu
l’occasion de croiser la route d’autres randonneurs et d’autres personnages de
manière parfaitement improvisée. Certains ont rejoint le reportage, d’autres
non. Dans la première catégorie, je pense notamment à Joël et Martine, en
charge du balisage du Tour du Cézallier sur le secteur de La Godivelle. Martine
m’a totalement sidéré qui, en l’absence de son pochoir, repeignait les vaches
rouges des balises à main levée ! Incroyable !
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Besse |
Hervé :
Quels sont selon toi, le meilleur et le pire moment de ce périple ?
David G. :
Le meilleur moment, j’ai envie de te dire
mes retrouvailles avec le Cézallier. Rien à faire, depuis 2007 et le projet
« Planète Cézallier », j’ai complètement succombé au charme de cette
partie de l’Auvergne. L’un des rares endroits que j’ai eu la chance de
fréquenter où la notion d’espace prend cette dimension. Il règne sur le
Cézallier une ambiance unique, faite de verdure, de ciel et de vent. Un endroit
magique, apaisant, riche d’une longue histoire, tant géologique qu’humaine. Un
lieu sincèrement attachant, loin des autoroutes touristiques que peuvent être
les Monts du Cantal ou le massif du Sancy. Quant au pire moment, c’est sans
aucun doute trois cents mètres sous le sommet du Puy de Sancy, lorsque le vent,
le froid et la pluie se sont déchaînés, me privant de toute sensibilité de mes
doigts. Impossible de tenir le pied de la caméra que j’ai dû coincer tant bien
que mal contre moi tout en essayant de garder mes mains dans les poches de mon
pantalon trempé… Et ce vent terrible qui nous faisait chavirer… J’essayais de
me préparer au fait qu’il allait falloir redescendre par l’arête ouest et
continuer à affronter cet enfer au cas où la télécabine serait fermée… Fort
heureusement elle ne l’était pas !
Hervé :
As-tu déjà en tête ton prochain
trek ?
David G. :
En vérité ? Absolument pas ! Les
idées ne me manquent pas c’est certain. En France ou à l’étranger, je ne sais
pas encore. J’aimerais beaucoup consacrer un numéro de Carnets de Rando en
dehors de la métropole… ça viendra… l’été se passera en France. J’ai un projet
de reportage dans les Vosges et j’en prépare un autre dans le Jura pour
l’automne. Pour connaître mon prochain trek, rendez-vous donc sur Carnets de
Rando !
Hervé :
"Alors...", mot aussi célèbre que le short et les scandales dans tes reportages et que l'on retrouve avec joie dans cet interview (rires...) merci David pour tes réponses. Bravo à toi et à Grégory pour ce périple ! Bonnes randonnées sur les futurs sentiers et rendez-vous à bientôt pour de nouveaux partages !
Merci à toi !
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Le Cézallier et la chaîne du Sancy |
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de David Genestal :
Ainsi que celle de Grégory Rohart :
Crédits photos © Carnets de Rando 2012