Pages

samedi 23 juillet 2022

Naissance dans les montagnes...

Samedi 23 juillet 2022, troisième jour dans les Pyrénées et bon sang comme je m'y sens bien...

Retour sur le GR10 bon pas entièrement mais au moins sur la portion entre le refuge d'Ayous et le lac de Bious Artigues

Je vous place ici un texte avec les images du jour et un texte personnel qui date de 2021 et qui va assez bien avec la rando autour des lacs...

𝘑𝘦 𝘴𝘶𝘪𝘴 𝘯𝘦́𝘦 𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘭𝘦𝘴 𝘮𝘰𝘯𝘵𝘢𝘨𝘯𝘦𝘴.
Je m’en souviens très bien ! J’étais dans cet Iris bleu… D’avant je ne me souviens pas, mais je me revois basculer dans le vide car la tige de mon hôte poussée par le vent avait fini par me faire sortir de mon lit. Toute de bleu entourée au creux de ces pétales j’étais au frais sur les hauteurs bien à l’abris entre ces murs veloutés. Ce vent du matin alors que le soleil tardait à poindre son nez au-dessus des plus hauts sommets environnants m’a donc fait sortir de cette léthargie dans laquelle je m’étais confortablement laissée aller. La chute si courte soit elle, ne fut pas violente. C’est sur ce tapis de mousse verte qu’elle fut amortie. De là il me semblait retrouver quelques congénères arrivées durant la nuit. Sous mon poids c’est toute la rangée alignée sur ce brin de mousse qui finalement sous l’effet de la gravité commença sa course folle. Alors que le soleil envoyait enfin ces rayons comme pour nous montrer le chemin, irrémédiablement je me suis retrouvée sur ces rochers à dévaler pierre après pierre la bordure du sentier que quelques bipèdes remontaient vers ce qu’ils appelaient la brèche. Soudain sœurs après sœurs nous sommes arrivées sur ce filet d’eau. Plouf me voici à chavirer au grés des pierres, de quelques herbes. Sautant de barrages en barrages, certes de quelques centimètres voici que le filet s’épaissit. Parfois on pousse quelques cailloux, on saute au-dessus d’une branche, mais toujours comme attirées par le centre de la Terre on file de plus en plus vite. Bientôt les frêles glouglous deviennent presque des grondements. Le fracas contre certaines pierres se fait plus violent. Parfois je suis comme arrachée à mes sœurs, arrive alors de temps d’une fraction de seconde le moment d’avoir cette sensation de planer. La suite n’est qu’une variation de vitesse entre les moments de calme puis ce retour soudain où tout se précipite. Plus question de parler de filet, c’est plus un ruisseau maintenant. Il parait que monsieur le lac nous attend en contre bas, un lac magnifique aux eaux si transparentes qu’elles laissent entrevoir le fond. Il me faudra encore bien des tumultes avant d’y arriver et de m’y reposer. Quelle traversée, un moment inoubliable. Le passage étroit à une vitesse vertigineuse qui a succédé m’a fait reprendre conscience que j’avais quitté ce palier. J’étais comme aspirée dans un tube froids et noir. Après cet enfermement à vous faire éclater la tête l’étau c’est resserré encore pour finir par tomber dans une fontaine. Elle était belle cette fontaine, à l’ombre dans ce petit village typique. A la fraiche, tournant sur moi-même coincée dans les bras d’une petite algue verte. Il y avait là aussi quelques étranges animaux dont la mutation n’était pas terminée… Ils rêvaient de devenir grenouille pour pouvoir sortir de ce bassin. Enfin c’est ce que j’ai cru comprendre. Soudain c’est l’enfer qui se déchaine, voilà que le calme est interrompu par un bipède qui brasse le contenu du bac à grands renforts de « qu’elle est fraîche » par ici, « qu’elle est bonne » par là. Le bougre m’emporte. D’une brassée me voici déposée, que dis-je projetée dans sa tignasse. Et hop me voici accrochée à deux tiges, quasiment aux commandes du bipède. La maitrise n’est pas totale, je suis plutôt en mode résistance. C’est qu’il avance le gredin. Je domine de toute sa hauteur la vue qui s’offre à moi. On remonte d’un pas décidé sur les sentiers de cette montagne que j’ai dévalé à toute vitesse. Les minutes avancent et les sentiers sont avalés. Il commence à faire chaud, très chaud. J’ai l’impression d’entrer en ébullition. Je me sens comme rétrécir sous cette chaleur. Je fini par m’évanouir, comme dans un état second. Je quitte mon corps, enfin son corps. Je me disperse dans l’air, je flotte maintenant. Je m’élève haut, très haut. Je domine la montagne à présent. Ici les vents sont froids. Après quelques instants me voici quasiment dans le brouillard. Plus de visibilité. J’espère ne pas m’éloigner trop de mes montagnes. C’est la fin de journée et je ne sais pas où je vais passer la nuit ! Après quelques heures où j’ai repris des forces et du poids, il y a autour de grands claquements. La luminosité commence à baisser mais de grands traits blanc déchirent le ciel. Je manque même de me faire électrocuter quand soudain le coussin sur lequel je suis posée se déchire. C’est la chute vers le bas, à toute vitesse nous sommes projetés vers le sol. Il parait que beaucoup s’écrasent sur les rochers, d’autre auraient de la chance et rencontreraient des arbres. Moi soudain ma chute s’arrête. Je me retrouve étourdie, j’ai encaissé cette chute vertigineuse pour finir par me poser dans une Adonis ! Chouette encore une fleur des Pyrénées !
𝐽𝑒 𝑣𝑜𝑢𝑠 𝑙’𝑎𝑣𝑎𝑖𝑠 𝑑𝑖𝑡, 𝑗𝑒 𝑠𝑢𝑖𝑠 𝑛𝑒́𝑒 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑙𝑒𝑠 𝑚𝑜𝑛𝑡𝑎𝑔𝑛𝑒𝑠.
𝘓𝘢 𝘨𝘰𝘶𝘵𝘵𝘦 𝘥'𝘦𝘢𝘶,
𝐻𝑒𝑟𝑣𝑒́ 𝘫𝘶𝘪𝘭𝘭𝘦𝘵 𝘟𝘟𝘐
Article mis en ligne en mai 2025





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

ID2 Rando où la volonté de partager mes randonnées...

Attention, pour passer avec succès le filtrage le commentaire doit concerner le blog. Alors rester dans le ton ;)